Du 29 juin au 2 juillet 2025, la conférence ISTE (International Society for Technology in Education) s’est tenue à San Antonio, au Texas. Plus de 17 000 enseignants, décideurs, coordinateurs technologiques et entreprises EdTech s’y sont retrouvés autour d’un mot d’ordre clair : accélérer l’innovation technologique dans éducation.

Des géants comme Google et Microsoft aux jeunes startups de la Edtech, tous ont dévoilé leurs dernières innovations IA, promettant une pédagogie plus efficace, plus personnalisée, plus intelligente.

Mais cette déferlante soulève une question cruciale :

L’IA renforce-t-elle vraiment le métier d’enseignant… ou est-elle en train d’en redessiner les contours au point d’effacer son rôle central ?

L’IA partout : l’éducation sous influence algorithmique

Cette année à l’ISTE, la scène était dominée par les mastodontes de la tech. Google, Microsoft et une nuée de startups EdTech ont dévoilé un flot impressionnant de nouveautés, toutes estampillées d’IA, censées transformer l’expérience d’enseignement et d’apprentissage.

Gemini : l’arme IA de Google pour transformer l’éducation

L’annonce phare de Google ? Le déploiement mondial de Gemini for Education, une version améliorer de leur assistant IA, désormais accessible gratuitement aux établissements, y compris en France.

Les principales innovations clés :

• Plus de 30 outils IA intégrés dans Google Classroom, pour automatiser la création de supports : cours, quiz, évaluations, plans différenciés.

• Les “Gems” : des assistants IA personnalisables créés par les enseignants eux-mêmes, capables de répondre à des besoins pédagogiques spécifiques (par discipline, niveau ou objectif).

• NotebookLM : un assistant de prise de notes intelligent, capable de résumer automatiquement des contenus pédagogiques (textes, PDF, vidéos).

• Video Overview (bientôt disponible) : transforme un support enseignant en capsules vidéos pédagogiques en un clic, via génération IA.

• Focus sur la sécurité : Google insiste sur le respect de la confidentialité des données des élèves, notamment via des environnements IA sécurisés.

L’ambition est claire pour Google : positionner Gemini comme le nouvel assistant pédagogique universel. Mais certains s’inquiètent d’une simplification excessive du travail enseignant, où l’IA prendrait peu à peu le contrôle de la conception pédagogique.

Microsoft Copilot : l’autre géant à l’assaut de l’IA

Microsoft n’est pas resté en retrait lors de l’ISTE 2025. L’entreprise a renforcé son positionnement éducatif en dévoilant une série de mises à jour centrées sur Copilot, son assistant IA intégré dans Microsoft 365.

Ce qu’il faut retenir des nouveautés Microsoft Education :

• Copilot Chat (inclus gratuitement dans Microsoft 365 pour les utilisateurs de 13 ans et +) permet aux élèves de travailler en autonomie, de poser des questions contextuelles sur leurs cours, et de bénéficier d’une aide instantanée pour comprendre, rédiger ou réviser.

• Pour les enseignants : Copilot facilite la création de contenus pédagogiques en générant des plans de cours, rubriques d’évaluation, quizz, mais aussi des versions traduites ou reformulées selon le niveau des apprenants.

• Microsoft Learning Zone : une plateforme qui transforme les supports existants des enseignants en leçons interactives, exploitables directement par les élèves dans un environnement dynamique, grâce à l’IA.

Avec ces annonces, Windows souhaite faire de la suite Microsoft 365 une infrastructure pédagogique complète, mêlant IA et plateformes d’apprentissage.

Mais derrière cette promesse d'efficacité, une question revient : les enseignants gardent-ils encore la main sur la pédagogie ?

Enseignants, IA et ISTE 2025 : un équilibre à construire

À l’ISTE 2025, les annonces technologiques ont affolé les compteurs : IA génératives, assistants pédagogiques automatisés, personnalisation de l'apprentissage... Les géants comme Google (Gemini for Education) et Windows (Microsoft Education) promettent une nouvelle ère pour l’enseignement.

Sur le papier, les bénéfices sont nombreux :

🔹Gagner du temps sur la conception de support de cours,

🔹Adapter les parcours aux besoins de chaque élève,

🔹Renforcer l’autonomie dans les apprentissages.

Mais à mesure que l’IA gagne en influence dans les environnements éducatifs, deux enjeux critiques demeurent :

1. La dépendance technologique croissante, qui risque de transformer l’enseignant en simple opérateur d’outils automatisés.

2. Les préoccupations sur la protection des données.

Une révolution technologique… qui nécessite un cadre

Pour que cette transformation ne devienne pas une perte de contrôle, plusieurs principes doivent s’imposer :

1. L’enseignant reste le pilote : L’IA n’est qu’un copilote, un soutien à la décision. Elle ne remplace ni le jugement, ni la posture éducative.

2. Transparence des outils IA : les enseignants doivent savoir comment les modèles fonctionnent, d’où viennent les données, et quelles sont les limites (biais, erreurs, opacité).

3. Appropriation humaine : réussir avec l’IA nécessite de former les enseignants, de leur laisser le temps d’expérimenter, et de réfléchir ensemble à l’évolution du rôle pédagogique.

La vedette, c’est toujours l’élève

L’ISTE 2025 l’a clairement montré : l’IA ne va pas s’arrêter aux portes de la classe. Elle va réorganiser les rôles, les pratiques, les outils. Mais dans cette course à l’innovation, une priorité doit rester au centre : le besoin de l’élève.

Et ce besoin passe toujours par une chose que l’IA ne peut pas offrir : la relation humaine, la confiance, l’adaptation sensible. L’enseignant ne disparaît pas. Il devient même plus essentiel que jamais, à condition d’être formé, outillé et reconnu comme le pilote de cette transition.

Et si aux États-Unis, l’innovation avance à vive allure, l’Europe, elle, encadre déjà cette révolution. L’AI Act, premier cadre réglementaire mondial sur l’intelligence artificielle, impose des règles de transparence, de sécurité et d’usage éthique, y compris pour les systèmes déployés dans les écoles.

Il faut innover, oui. Mais avec du sens et des cadres. Parce que la vedette de la classe ne sera jamais une IA. C’est l’élève. Et son enseignant.